- Le passé nous hante, nous empoisonne jusqu’à ce que nous l’acceptions. -

Brillante même en pleine nuit, la belle ville de San Francisco était son berceau, l’endroit où elle avait appris à marcher, à rire, à pleurer et à espérer. Née un premier décembre, elle avait fait de ses parents, les êtres les plus heureux du monde. Un gazouillis avait suffi à faire pleurer le père pourtant si distant et froid. Elle était le fruit d’un amour étrange entre une femme vivant au gré du vent et celle d’un homme d’affaire prévoyant tout à l’avance. Pourtant, ce petit être plein d’innocence n’avait pas été prévu au programme. Lena – comme sa grand-mère paternelle – avait ajouté une touche de candeur à ce requin qui avait su se bâtir seul. Ils formaient une famille presque modèle, en apparence tout semblait si parfait, voir trop parfait.

Les années passaient et le bébé devint une fillette pleine de vie. Elle était curieuse de tout, adorant dessiner n’importe où et sur n’importe quoi. Dans les vestiges de sa chambre, ses murs étaient couverts de croquis sur tout ce qui pouvait émerveiller une enfant comme elle. Il y avait des papillons, des arbres, des visages d’enfants rieurs et un autre plus marqué, un visage d’une personne âgée ressemblant à la fillette avec une cinquantaine d’années en plus. C’était très détaillé et fait avec beaucoup d’amour. En dessous de ce portrait, un petit mot écrit d’une plume incertaine. « Je t’aime Mama. » Ce fut sans doute le premier coup dur dans la vie de Lena. Elle adorait énormément cette personne qui la vénérait comme une déesse. Ils étaient seuls maintenant, ses parents et l’enfant. C’était cependant une belle histoire, une belle enfance pour la petite qui ne voyait pas ce qui se tramait en privé, qui n’entendait pas les disputes plus ou moins violentes de ses parents. Elle était bien trop insouciante pour comprendre ce que tout cela signifiait véritablement. Pauvre enfant.

Arrivée à l’adolescence, la passion d’enfance de Lena ne fit que grandir et lorsque ses parents décidèrent de lui parler pour lui annoncer une nouvelle qui allait la meurtrir à jamais, cette passion devint obsession. C’était une après-midi d’été et Lena rentrait de la piscine avec ses amies. Ses parents étaient assis sur le canapé de cuir, attendant visiblement tendus le retour de leur enfant chérie. Elle comprit immédiatement que quelque chose de grave allait se passer, un autre décès ? Non. Lorsqu’ils lui avouèrent leur secret, le mot sonna comme un électrochoc aux oreilles de Lena qui resta interdite un moment. Le divorce. Ce couple si parfait qui était un modèle de stabilité pour elle vola en éclat, écorchant son cœur irrémédiablement blessé. Pendant de longs mois, elle refusa de leur parler, de se nourrir ou de simplement être heureuse. Elle sombra dans un excès alimentaire au point de devenir anorexique. Cela ne faisait qu’un an que ses parents étaient séparés et ce fut un premier décembre, 17 ans après sa naissance qu’elle entra à l’hôpital dans un état critique. D’une maigreur maladive, elle dût se battre contre elle-même, réussissant à crever un abcès énorme avec ses parents avant de pouvoir remonter. Mais le dessin était là, encore, toujours, à jamais.

Lena mit près de deux ans à s’en remettre, cependant, elle ne cessait de combattre ses vieux démons, essayant de ne pas craquer. Ce fut à l’université que la tentation fut la plus forte. La jeune femme pouvait voir certaines de ses amies se faire vomir, lui rappelant son propre état quelques années auparavant. Mais, tout cela avait cessé lorsque la demoiselle rencontra cet homme lors d’une fête. Ce fut comme un éclair, un choc qui secoua tout son corps.

Elle tomba littéralement amoureuse de Léo, se donnant entièrement à lui, sans réserve. C’était lui, son âme sœur, l’homme de sa vie. Lena le savait tout au fond d’elle. Mais, tout cela prit fin, ses espoirs de bonheur, d’enfant et d’une vie commune avec Léo vola comme un miroir jeté à terre.

C’était une soirée étudiante comme un autre. Une amie avait fortement insisté pour que Lena l’accompagne soit-disant pour m’éclater et rester un peu loin de lui. Elle avait fini par craquer… Et elle l’avait suivis. Elle avait même tous fais pour passer inaperçue, évitant les vêtements tendancieux et elle s’était promis de rentrer tôt pour ne pas inquiéter Léo. Tout devait bien se passer… Mais rien ne se passa comme prévu. On la fit boire encore et encore jusqu’à ce que sa vue se brouille, que ses pensées soient envelopper dans du coton. Et il apparut, ce mec musclé, la star du campus que Lena détestait. Il s’était approché comme un prédateur et il l’avait pris sans ménagement dans une chambre crasseuse de l’endroit où la fête se tenait, la laissant étalée sur le lit, les vêtements déchirés et les larmes pleins les yeux. Elle rentra chez elle comme elle put, jetant ses habits et passa près de deux heures sous la douche à essayer de se laver, de faire partir cette odeur qui la faisait vomir.

Elle ne devait rien dire à Léo, comment pourrait-il vouloir d’elle après ceci ? Comment pourrait-il encore la regarder avec cet amour dans les yeux ? Lena pleura toute la nuit, les jours suivant, ce fut une épreuve pour faire comme si rien mais cela ne dura pas. Et alors qu’elle avait enfin prit son courage à deux mains pour parler à son homme, celui-ci la quitta sans même lui demander une explication. Ce fut trop pour la belle, son âme se brisa en deux. Sa première réaction fut de déchirer ses dessins, de les brûler et de fuir. De fuir le plus loin possible de ce cauchemar. Tout était de sa faute. Elle avait tellement honte… Et elle se sentait désespérée, seule, perdue. Lena quitta la ville du jour au lendemain, laissant tout en plan. Il fallait changer d’air ou elle allait exploser. Elle devait oublier. Tout oublier..

Ne pouvant plus rester dans la ville qui l’avait vu naître, Lena partit loin, en France pour finir ses études, obtenir un emploi stable dans le graphisme mais sa mère tomba malade et elle dût rentrer auprès de sa famille divisée en deux. Lena appréhendait ce retour, de le croiser, d’essayer de vivre normalement alors que son cœur n’existait plus, qu’elle avait érigé une forteresse autours de son âme. Mais la vie était tellement pleine de surprise, de rebondissements. Et si c’était encore possible ? Et s’il s’était marié, avait eu des enfants avec une autre ? Et si…

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<pris>Jenna Dewan</pris> — <pseudo>[url=http://goldengate.forumactif.org/u28]Lena A. Harrington[/url]</pseudo>