J’avais vu Marlee qui dansait, se déhanchait contre Drew, c’était ridicule mais je leur en voulais. A elle pour avoir failli à notre engagement de passer la soirée ensemble juste nous deux, et à lui parce qu’il profitait de la situation en oubliant qui était la brunette. Pourtant j’avais laisser couler, abandonnant mon rôle de protecteur en espérant que mon pote aurait le respect nécessaire pour se contenter de danser. J’avais plutôt confiance en Drew, et puis je devais apprendre à lâcher du leste vis à vis de ma meilleure amie. Après tout elle est majeure et loin d’être une vierge effarouchée. La séduction avait alors reprit le leadership de ma soirée, Evey n’avait pas mis longtemps à succomber, rien d’étonnant puisqu’elle partageait clairement mes intentions dès notre premier échange de sourire. Ma provocation accomplie, mon regard effrontément diriger vers Marlee et Drew, je les avais ensuite totalement ignoré. Ma meilleure amie s’était rappelée à moi seulement au moment de son départ ne me laissant même pas le temps de lui demander si elle rentrait seule que déjà elle était partie. Sans doute était-elle vexée, parce que moi non plus je n’avais pas tenu mon engagement et pas cherché à passer la moindre minute supplémentaire avec elle plutôt que la jolie blonde. En matière de fierté nous nous ressemblions assez finalement… pas pour rien qu’on se prend la tête relativement souvent dans ce genre de circonstances.
La soirée s’était poursuivit sous de bonnes augures. Il y avait eu les lèvres d’Evey longuement accrochées aux miennes, sa peau, ses mains sur mon corps et les miennes sur le sien, de la sueur, des souffles partagés, le plaisir et l’abandon dans l’espace confiné de mon appartement. Les flammes du désir avaient léché le mur de l’entrée, mes draps et ma minuscule salle de bain. Nul doute que je me souviendrai sans mal du prénom de cette divine blonde, et pas seulement parce qu’elle m’avait laissé de jolies marques dans le dos. Et puis le soleil avait fini par envahir mon logement, nous poussant vers le partage d’un petit déjeuner rapide. Ce n’est pas tellement dans mes habitudes mais je dois avouer qu’avec Evey ça s’était imposé naturellement. Etait arrivé le moment de son départ, l’échange d’un regard complice et d’un sourire entendu, elle m’avait tendu sa carte et j’avais adoré sa lucidité « Je te donne mon numéro même si je sais que t’es pas du genre à rappeler. » peut-être bien qu’elle pourrait faire exception… mais ça je le taisais bien évidemment « Effectivement. Mais je le prends quand même. » sait-on jamais que sa profession me soit utile à l’occasion. Après tout on a jamais trop de chasseuse de tête dans son entourage, non ? L’effervescence de la soirée et de la nuit désormais totalement retombée, je renouais avec ce qui était la réalité de mon existence durant les heures du jour. J’avais une audition en fin d’après-midi, ce qui me laissait largement le temps de passer voir Marlee, peut-être pour faire un petit mea culpa…
Seulement deux blocs séparaient son logement du mien, il me fallu à peine plus que le temps d’une clope pour arriver devant son immeuble. J’y entrais sans avoir à sonner, je connais le code par cœur. Les escaliers me rappelaient que la veille avait été une bonne soirée et ma fatigue me rattraperait sans doute bien vite au fil de la journée. Arrivé sur le palier je m’apprêtais à sonner mais me ravisais. Finalement je posais ma main sur la poignée de la porte d’entrée de l’appartement de ma meilleure amie et entrais, comme dans un moulin. Un soupir m’échappait « C’est pas vrai… » marmonnais-je, consterné par les mauvais habitude de la brunette. J’ai dû lui répéter des centaines de fois si ce n’est plus de fermer sa porte même quand elle est chez elle et surtout quand elle dort ! J’aurais pu pisser dans un violon que l’effet aurait été le même. Elle me tue. Pour la peine je délaissais toute discrétion et tant pis si elle dormait encore « Mar… » j’avais commencé à l’interpeler à haute et intelligible voix quand je vis un barbu blond apparaître dans mon champ de vision : Drew. Il venait tout droit de la chambre de ma meilleure amie. « …lee. » soufflais-je cette fois à voix basse en ne masquant pas ma surprise de voir mon pote là, qui plus est torse nu et en calbute. Je n’avais pas besoin d’un dessin quant à ce qui s’était passé ici entre ces deux là, d’ailleurs j’en avais déjà la nausée. « Drew…. » lâchais-je avec un sourire forcé « …toi ici. Quelle surprise. » je levais les yeux alors que l’amertume me gagnait d’avantage et que ma mine changeait « C’était quoi que tu disais hier déjà ? Ah oui. « je ne vais pas la manger. ». » j’allais enchainer et abattre ma colère naissante sur mon pote, mais Marlee choisissait ce moment pour se pointer à son tour. Houston, we’ve got a problem. Je posais sur elle mon regard sombre et c’était bien malgré moi qu’il était chargé de déception voire de mépris.

En me pointant chez Marlee je n’imaginais pas me retrouver dans cette situation. Mais clairement j’aurais dû… je me sentais très con à cet instant. Je les avais vu danser, se rapprocher et je m’étais laisser berner par ce salaud de Drew. Depuis quand j’étais naïf ? Bon ok j’avais eu surtout à cœur de m’éloigner d’eux, de ne rien voir en m’occupant de ma proie de la soirée et maintenant je m’en voulais. Ma meilleure amie avait bu et j’étais le premier au courant qu’elle ne tenait pas l’alcool, que ça la rendait trop aguicheuse, trop tactile et que ce crétin qui me sert de pote n’allait pas résister. Un con, voilà ce que j’étais. Et si je sentais la colère monter en moi c’était parce que je me mordais les doigts d’avoir été si stupide, comme j’en voulais à Drew d’avoir été faible et à Marlee de ne pas se respecter plus que ça. Un cocktail explosif, mon esprit saturait déjà et mon regard trahissait la noirceur de mon humeur. J’étais déçu, je ne saurais même pas expliquer à quel point ni pourquoi je réagissais aussi vivement. L’énervement et l’incompréhension se mélangeaient alors que mon regard se détournait de la brunette, je voulais à tout prix éviter de m’imaginer ce qu’avait pu être leur nuit. A coup sûr ça me ferait péter un câble pour de bon, rien que la tenue du hipster m’énervait et quand Marlee lui donnait ses fringues je le regardais avec dédain « Habilles toi et puis pense à dégager. » mes mâchoires se serraient des mots assassins me brûlaient la gorge. « Ça va Jonah… pourquoi tu t’énerves ? Elle est majeure hein. » « Et toi t’es un putain de… » je soupirais avant de finir ma phrase « Un putain de quoi ? » « D’enfoiré ! » j’espérais qu’il ne me cherche pas d’avantage.
Ce ne fut pas Drew qui mit de l’eau sur le feu mais ma meilleure amie. Son regard perçant semblait me traverser comme une lance bien affûtée et avec aplomb elle se rencardait sur ma propre nuit. « Un scandale tellement elle était bonne au pieu. » répliquais-je du tac au tac avec la stupide volonté de la provoquer, la blesser « Elle m’a fait des trucs… waw. » j’arquais un sourcil en continuant de soutenir son regard durant un instant. « J’vois pas pourquoi t’es de si mauvaise humeur alors. » fit remarquer Drew en pensant peut-être que ça allait détendre l’atmosphère. Comme il se trompait… « Ah ouais tu vois pas pourquoi ? T’es sérieux là ? C’est la p’tite sœur de Nate ! Tu percutes ? J’crois que t’as pas idée de ce que tu vas prendre dans la gueule quand il saura que tu te l’es tapé ! » « Parce que bien sûr tu vas balancer. T’en as pas marre d’être son ptit chien ? Et de surveiller sa sœur à sa place ? » mon sang ne fit qu’un tour et je poussais celui que je considérais jusqu’à hier soir comme un bon pote contre le mur le plus proche et l’y maintenais « Tu veux que je te pète la gueule avant qu’il l’apprenne ? C’est ça que tu veux ? » mon calme n’était plus qu’un souvenir mais j’avais encore assez de lucidité pour reculer et laisser Drew se diriger vers la sortie « J’sais pas si t’es défoncé Jonah, mais sérieusement t’es ridicule. Elle est majeure elle sait ce qu’elle fait. » « Dégage. » je ne voulais pas poursuivre cette discussion avec lui mais simplement qu’il parte en espérant que cela m’aide à me calmer.
Lorsque le hipster fut sorti j’avais toujours la mâchoire serrée, et mon état d’énervement n’avait pas été si haut depuis bien longtemps. « P’tain… fallais que tu te tape un de mes potes… » je levais les yeux « Pourquoi ? Tu pensais à quoi bordel ?! » je secouais la tête « Y’avait pleins de gars à cette soirée mais il a fallu que tu choisisse Drew pour te baiser… » j’eus un rire nerveux et tapais deux fois dans mes mains « La palme de la connerie revient à Marlee-Rose Burton. ». Ma gorge se serrait bien malgré moi « C’était bon au moins ? Il a tapé assez profond ? T’as crié ? » je savais que j’allais trop loin mais c’était plus fort que moi… je lâchais mon venin comme pour me débarrasser de cette douleur qui me broyait l’estomac. J’étais injuste mais incapable d’être autrement « C’est bien comme ça les autres vont vouloir leurs tickets vu que tu te présente à l’élection de la trainée du coin. ». Je n’arrivais pas à prendre toute la mesure de ma déception et je ne comprenais pas pourquoi ça me touchais autant. Pourquoi je ne pouvais pas en rire ? Simplement lui dire qu’elle avait merdé mais le prendre à la rigolade comme je le faisais si souvent dans tout un tas d’autres circonstances ? Au lieu de ça j’avais mal, mal comme un chien qu’elle ai pu être sali par un mec comme Drew qui n’attache aucune valeur à l’acte, il baise sans âme. Il est peut-être pire que moi pour ça et ce n’est pas peu dire.

Ma réaction faisait-elle de moi un connard ? Clairement je crois bien que oui. Mais le pire dans l’histoire c’était que j’avais beau savoir que ces mots dépassaient ma pensée, j’étais totalement incapable de les retenir. Je gerbais ma colère comme pris d’une grosse gueule de bois haineuse. Le départ de Drew ne m’avait en rien apaisé, ça avait seulement ouvert le champ libre pour faire part de toute ma déception à Marlee. Mes paroles étaient dur, mon ton toujours plus porteur des stigmates de ma rancœur. Chaque phrase s’abattait sur la brunette avec une intensité dont je n’aurais jamais cru faire preuve à son égard, j’étais le spectateur de mon propre carnage. Incapable de m’arrêter comme elle me le réclamait, me suppliait presque. J’allais au bout des saloperies que je devais lui balancer, comme si après ça la douleur s’en irait. Mais j’étais bien trop con de penser cela, mon était d’énervement avait atteint des sommets et même les larmes de ma meilleure amie ne réussirent à me stopper. J’étais allé beaucoup trop loin, et il était bien évidant que la riposte de la brunette serait sans merci. Le visage inondé de larme, son regard était plus assassin que jamais… un cocktail entre une profonde peine et de la colère. Ça me tuait de la voir comme ça en sachant que j’étais le seul responsable, mais ce que je jugeais comme étant une trahison de sa part l’emportait. Elle me poussait pour s’imposer, prendre le lead de cet échange jusque là à sens unique et je fus surpris par la force qu’elle y mettait.
Je l’avais cherché, mais l’entendre me dire ces mots là finissait de m’achever. J’avais la gorge et l’estomac noué, je voulais presque que cet instant soit juste un foutu mauvais cauchemar dont j’allais me sortir. Pourquoi en être arrivé là ? Mais avec cette question revenait sans cesse l’image de Drew, sa mine satisfaite et… mon imagination prenait un malin plaisir à faire le reste. Elle avait pris son pied, me le crachait au visage avec tout autant de fiel que moi une minute plus tôt. Marlee enfonçait le clou, me rappelait que bien d’autres types étaient passés entre ses cuisses et que je n’étais pas mieux qu’eux. Ces mots étaient crus, dans sa bouche ils étaient pires encore et j’aurais voulu ne jamais les entendre. Elle essuyait rageusement ses joues et m’envoyait une nouvelle pique, ou plutôt… une vérité. Sous l’effet de l’impact je répondais du tac o tac « Ouais mais moi j’te baise pas ! » c’était sorti tout seul, comme l’explication qui aurait pu clore le débat mais bien évidemment on en était loin. « J’suis queutard ouais. J’ai pas d’attache. Mais j’ai au moins le respect de pas te mêler à ça ! » ajoutais-je en plantant soutenant son regard avec la même intensité qu’elle m’imposait. La brunette s’éloignait pour aller chercher ses clopes sur le comptoir de sa cuisine, basculant la tête en arrière mes mains venaient se poser sur mon visage dans une tentative de retrouver un peu de sang froid « Putain de merde… Avec ces conneries j’ai sans doute perdu un pote. Et en plus Nate me tombera forcément dessus parce que c’est arrivé alors que j’aurais dû le voir venir. ». Je faisais quelques pas, bouger allait peut-être m’aider. Non c’est totalement débile comme idée, mais je ne tenais pas vraiment en place avec cette douleur qui me tiraillait encore les entrailles.
Moi aussi j’aurais eu besoin d’une clope mais je n’avais même pas pris mon paquet et surtout je ne voulais rien réclamer à Marlee. Tant pis j’allais devoir gérer mes nerfs tout seul comme un grand garçon « Et j’suis pas comme Drew ! » corrigeais-je à retardement « Il est pire que moi. » Je serrais les mâchoires « Ça m’dégoute rien que de savoir que... » je secouais la tête pour chasser toutes images qui voudraient s’inviter dans mon esprit, je n’avais surtout pas besoin de ça. « Tu crains ! » lâchais-je avec une profonde déception « Ça t’es pas venue à l’idée de te respecter pour une fois ? » si mon ton était plus calme mes propos suintait l’amertume « Te comporter comme une salope va pas résoudre tes problèmes. ». Je ne comprenais pas pourquoi ma meilleure amie agissait ainsi, ce qui la poussait à vouloir mener le même genre de vie que moi ou que son frère… je ne suis pas particulièrement macho, mais je veux lui éviter cette étiquette qu’ils auront vite fait de lui coller dans le dos. Et si l’égalité entre les sexes tendait à s’amélioré il y avait malheureusement encore beaucoup d’a priori sur les femmes ayant une vie sexuelle aussi bien remplie que celle des hommes. Je m’y prenais comme un pied et à cet instant elle devait voir en moi le pire connard de San Francisco, mais dans le fond tout ce que je voulais c’était la protéger.

C’était un peu comme avoir pris un coup de poing dans la gueule, pourtant je n’étais pas sur un ring. Jamais Marlee et moi ne nous étions disputé ainsi… honnêtement je ne m’attendais pas à ce que ça arrive. J’avais toujours eu l’illusion qu’un truc spécial faisait que nous étions juste voués à des chamailleries et des petites brouilles sans importance, je croyais qu’on avait une force invisible capable d’enrayer ce genre de discussion foireuse et destructrice, j’avais tort. Mais j’étais plutôt fautif… j’étais celui qui avait pété un plomb en premier, à cause de la brunette et de son comportement stupide, certes ! La colère n’est de toute façon pas connue comme étant bonne conseillère, aussi il était plutôt normal que les choses s’enveniment à mesure que nous nous répondions avec cette violence nous étant d’habitude étrangère. Pourquoi je l’enfonçais d’avantage alors que je voyais clairement l’impact de mes mots ? Elle ne cherchait même plus à masquer ses larmes, elle les laissait couler le long de ses joues sans plus un geste pour les faire disparaître. J’avais mal de la voir comme ça, je me sentais minable et pourtant toujours trahi par son attitude de la veille et plus encore pour ce que j’avais découvert aujourd’hui. Avec toute l’ironie dont elle était capable Marlee me répliquait que je n’avais qu’à prendre moi aussi un ticket, me prenant habillement à mon propre piège dans une nouvelle provocation que je préférais laisser sans réponse. Je lui cédais un peu de terrain au petit je de l’attaque comme meilleure défense.
Maintenant que j’avais vivement exprimé ma colère je me laissais envahir par le poids des conséquences de ce qui s’était passé. Entre Drew et ma meilleure amie, à cause de moi qui n’avait pas su les garder à l’œil. Mais je n’étais pas un putain de baby sitter, merde ! Et voilà que maintenant j’en voulais aussi à Nate d’être aussi absent en ce moment… où est-ce qu’il trainait encore ? Marlee avait besoin de lui et il s’en foutait. D’ailleurs la brunette était lucide quant à la réaction qu’aurait son frère en apprenant sa nuit en compagnie d’un de ses potes, et elle affirmait avec conviction qu’il ne devait surtout pas être au courant. Son ton sec avait claqué à mes oreilles comme l’ordre de la fermer et ne rien raconter à mon meilleur ami. Ok… donc en plus d’avoir laissé sa petite sœur coucher avec l’un de nos potes, j’allais lui mentir. Pourvu que personne ne vende la mèche, sinon j’étais mort ! Enfin étais-je vraiment encore à ça près ? « Ok… » soufflais-je avant de lâcher un profond soupir plein de lassitude. La tension descendait un peu, j’avais du gueuler assez de saloperie à la tête de Marlee pour me calmer. J’ignorais si en s’approchant elle tentait une trêve, mais j’accueillais son geste de m’offrir une clope avec un certain soulagement. Pourtant je ne pu m’empêcher d’encore une fois laisser mes pensées s’exprimer tout haut. Oui l’image de la jolie brune et de Drew me dégoûtait, sans doute parce qu’elle ignorait beaucoup de chose que moi je savais le concernant.
Je prenais alors un revers direct dans la tronche, elle me mettait dans le même sac que lui. Je ne pouvais pas totalement lui en vouloir, tout ce qu’elle voyait c’était que je mettais une fille différente dans mon lit tout les soirs ou presque. Son regard me transperçait, il était glacial et j’avais un mal de chien à l’encaisser. J’enchainais alors avec une nouvelle vague de reproche, encore un moyen de tenter d’éloigner la douleur, cette putain de douleur qui nouait ma gorge. Mes mots étaient aussi assassin que le regard de Marlee sur moi, je l’accusais de se comporter comme une salope et le terme m’écorchait la bouche. Elle aussi se demandait ce qui clochait avec moi, pourquoi je réagissais ainsi… avec autant de violence et de dégoût à son égard. Je la blâmais elle parce que c’était plus facile que de voir mes propres torts en face. « C’est pas la question d’être macho ou pas ! » répliquais-je sans vraiment savoir comment j’allais pouvoir argumenter cela. « C’est juste que… » avais-je commencé un peu hésitant après avoir tiré sur ma clope, mais elle me coupait dans mon élan m’accusant d’être jaloux. Puis elle posait une conclusion nette et précise à notre échange, je la gonflais. Mon sang ne fit à nouveau qu’un tour et je posais sur elle un regard choqué « Jaloux ? Que tu puisse te taper qui tu veux ? Tu peux me dire en quoi je ressentirais de la jalousie après la nuit de baise torride que j’ai eu cette nuit ? Et celle d’avant aussi… Avant hier c’était pas aussi épic mais c’était pas mal non plus. » mon ton s’était fait à nouveau plus fielleux, elle m’avait piqué au vif.
Mes mâchoires se serraient sous l’effet de ma contrariété, pourquoi Marlee s’entêtait à vouloir agir comme moi, comme son frère ? Je voyais tellement de mieux en elle, il faut croire que j’étais le seul. « C’est toi qui a commencé hier soir… On devait passer la soirée ensemble à s’amuser. » j’avais retrouvé un ton calme, peut-être trop maintenant. « Il t’as pas fallu cinq minutes pour aller te tortiller devant cet abruti. C’est pour ça que je suis allé rejoindre la blonde. Parce que de toute façon t’en avais rien à foutre. » je m’étais senti comme un con, laissé de côté et je ne l’avais pas supporté. Ma fierté avait pris le dessus et la suite on la connaît, malheureusement. « Je voulais vraiment que ça soit différent cette fois tu sais. Mais tu m’as pas laissé choix. » j’écrasais ma clope même pas vraiment terminée dans le cendrier le plus proche « Je dirais rien à Nate. Mais s’il l’apprend d’une quelconque manière je suis dans la merde et Drew aussi. Enfin ça à la rigueur je m’en fous, il le mérite. » concluais-je avec le sentiment que la seule bonne décision que je pouvais prendre maintenant c’était celle de me barrer.

Voilà j’avais gagné. Je la dégoutais. Moi et mes sales manies de queutard, moi et ma colère, moi et mes mots dégueulasses que je lui avais craché au visage. La tension redescendait progressivement laissant d’avantage de place à ma culpabilité. Et j’étais déçu que tout ai si mal tourné entre nous, j’avais l’impression que nous étions maintenant dans une situation insurmontable et que plus rien ne pourrait être comme avant. A vrai dire ça m’effrayait. J’avais peur du moment où une fois que j’aurais quitté l’appartement de Marlee un gouffre s’ouvrirait entre nous. C’était inévitable, non ? La peine de ma meilleure amie venait me serrer d’avantage la gorge comme un étau. Je rejetais la faute de ce fiasco sur elle, sur son attitude et sur le non respect de cet engagement que nous avions pris de simplement nous amuser sans séduire qui que ce soit. Évidemment elle n’allait pas me laisser la blâmer sans répondre appuyant où sa faisait mal, ma responsabilité de ne pas avoir agis, ou plutôt d’avoir agis avec fierté plutôt qu’avec logique et raison. La brunette me balançait la simple vérité et j’étais plus mal à l’aise après chacun de ses mots. Elle me fusillait sur place avec son regard de glace, et j’avais la désagréable sensation d’être dos au mur, acculé contre mes propres torts sans pouvoir m’en dégager. Mais elle avait raison je n’avais rien fait alors que je le sentais, Drew n’était pas fiable et Marlee était ivre… tout ça c’était de ma faute. Elle gagnait.
J’avais écrasé ma clope et pris la décision de partir avant que les choses deviennent encore plus merdiques. Sans même lui avoir répondu, obstinément silencieux pour ne pas risquer d’envenimer la situation. Et pourtant j’aurais eu encore beaucoup à dire, sauf que je ne m’en sentais plus la force. Il fallait stopper le carnage, j’étais le plus âgé de nous deux et donc le plus mature à priori… donc c’était à moi d’agir en ce sens. Et j’aurais voulu que ce soit facile, ou du moins que je n’ai à affronter que mon amertume face à ce chaos dont je me sentais désormais responsable, mais Marlee allait rendre mon départ plus compliqué que cela n’aurait dû l’être. Je le su dès qu’elle s’approchait de moi, une barrière loin d’être difficile à contourner sauf que je n’allais même pas tenter de le faire. Elle s’étonnait presque que je veuille partir maintenant, à moins que ce ne fut un reproche ? Peut-être un peu des deux. Je haussais les épaules un peu trop mollement pour être convaincant. C’était la meilleur option que j’avais trouvé, partir en la laissant comme ça… visiblement ce n’était pas ce qu’elle attendait de moi. Ses beaux yeux bleus me fixaient avec trop d’intensité pour que je m’en détourne, et ma meilleure amie m’affirmait que je n’étais pas un lâche. Elle était peut-être finalement là, la tentative de trêve. Mais la jolie brune se trompait sur mon compte, j’étais bel et bien un lâche.
J’eus un petit rictus nerveux puis un petit rire du même acabit « Oh si je le suis. » je détournais le regard et déglutissais difficilement « Tu me l’as bien rappelé… j’ai rien fait. J’ai laissé tout ça arriver. », écouter ma fierté m’avait fait me comporter comme un lâche. « T’as raison Marlee j’aurais pas dû laisser Drew t’approcher. Mais je l’ai fait je me suis défilé. ». Je secouais la tête « On va pas en reparler cent ans, ça a déjà assez fait de dégâts comme ça, non ? » un profond soupir m’échappait « Je vois pas vraiment à quoi ça sert que je reste. C’est à cause de moi que t’es mal… j’dois être la dernière personne que t’ai envie de voir dans le secteur. » je savais que ma meilleure amie pouvait être un vrai paradoxe, mais là clairement je ne comprenais pas ce qu’elle attendait de moi après cette violente discussion. Voulait-elle que je soulage sa conscience en prenant tout le blâme à mon compte ? Je n’étais pas sûr de pouvoir le faire, car clairement elle avait beaucoup de torts dans cette histoire, autant que je n’étais pas blanc comme neige. Néanmoins il y avait une chose que je pouvais lui dire et qui serait sincère malgré tout ce que j’avais pu lui balancé « J’ai pas agis dans mon propre intérêt en retournant vers la blonde. J’ai agis par… fierté. » je fis une moue contrariée, je n’étais pas vraiment fier de ça « Tu dansais avec Drew et … ça m’a fait chier. Vraiment chier. Je voulais… me venger en quelque sorte de vous deux. Vous ignorez pour prouver que j’avais pas besoin de vous pour m’amuser. ». Écartant légèrement la brunette avec mon bras je passais à côté d’elle, me frayant un passage vers la porte « C’était très con. J’ai compris. » et en matière de punition j’étais servi !

J’avais la sensation d’avoir tout gâché, qu’un retour en arrière était désormais impossible. Les mots que j’avais lâché, ma colère, cette façon dont je venais de traiter Marlee rien n’allait pouvoir l’effacer pas même le temps. Il y aurait toujours l’empreinte de cette dispute et j’avais peur qu’elle ai fragilisé notre amitié. Ce n’était pas une nouveauté que j’étais nul dès qu’il s’agissait de gérer mes émotions lorsque l’on touchait à des choses me tenant particulièrement à cœur. Au fil du temps j’avais fini par tout simplifié en essayant de me détacher de tout, de prendre les choses à la légère avec ce recul qui faisait dire à beaucoup que je suis un mec cool là où je ne vois qu’un lâche incapable de faire face à ses sentiments. Je trainais ça depuis l’enfance et le masquait aux yeux de tous, il n’y avait que dans la musique que je m’exprimais sans masque, sans artifices et ça fait mon talent. Il paraît. A cet instant je ne pouvais plus me cacher derrière rien, je venais d’admettre que mon comportement n’était que de la fierté mal placée et par extension j’admettais que je ne pouvais blâmer que moi pour ce qui était arrivé. Parce que oui Marlee avait raison je savais pertinemment qu’elle ne tenait pas bien l’alcool et que Drew était un queutard… comme moi. J’avais eu toutes les cartes en main pour éviter ce bordel mais au lieu de ça j’avais abandonné mon rôle de protecteur pour reprendre celui de prédateur. Maintenant que ma meilleure amie savait, j’espérais que le poids de mes mots ne soit plus si lourd sur ses frêles épaules. Je m’en voulais de l’avoir ainsi enfoncé plus bas que terre alors que c’était ma propre connerie que je condamnais.
Je l’écartais de mon passage pour accéder à la sortie de son appartement mais elle me retint par la main. Ses bras venaient se glisser autour de moi et je la sentais se blottir dans mon dos alors que ses excuses résonnaient dans mes oreilles : elle était désolée. Ça faisaient de nous deux jeunes crétins désolés de s’être insultés, ce qui au final ne nous avançait pas à grand chose. Elle s’éloignait et je prenais ça comme le signe qu’elle me libérait, que j’étais le seul à pouvoir choisir de rester ou de partir. Néanmoins j’écoutais ce qu’elle avait à dire. Ma meilleure amie se sentait stupide d’avoir voulu me rendre jaloux, et regrettait que cela m’ai blessé. J’étais un peu troublé par ce parallèle entre nos comportements, finalement nous avions agis en miroir aussi connement l’un que l’autre. C’était pathétique, affligeant mais au fond presque rassurant. J’étais toujours dos à elle, en train de me battre contre moi-même pour savoir si oui ou non je ferais mieux de passer cette porte. Un silence s’installait entre nous, moi pris par mon hésitation et elle… sans doute en train de guetter ce que j’allais décider de faire. Je ne comprenais pas comment elle pouvait avoir besoin de moi alors que j’étais la raison de son mal être, c’était paradoxal, mais bon c’est Marlee. Je me décidais à lui faire face sous l’effet de son nouvel aveu. Elle supportait mal que je vois beaucoup de filles, et maintenant qu’elle me disait cela je comprenais mieux certaines de ses réactions lors de nos moments de débrief.
Je l’observais qui fixait le sol, comme une gamine prise en faute, un peu ce qu’elle était si l’on y pense. Ses mots sortaient avec une sincérité que je ne pouvais pas remettre en doute, elle s’exprimait sans détour pour m’offrir la simple vérité sur son ressenti. J’étais comme choqué que ma meilleure amie m’adresse des paroles que j’aurais pu lui adresser, parce que ce qu’elle pensait de moi était exactement ce que je pensais d’elle. J’étais pour elle quelqu’un de bien. L’idée me fit avoir une petit rire nerveux, on est pas quelqu’un de bien quand on traite sa meilleure amie comme je l’ai fait les minutes précédente. Marlee ne comprenait pas mon comportement, ce besoin que j’ai de séduire une nouvelle fille à chaque fois et elle allait plus loin que ça en affirmant que je mérite mieux. Je secouais la tête à la négative « J’ai choisi de vivre comme ça. C’est mon truc la séduction… j’ai… besoin de plaire. » je haussais les épaules « Le reste c’est du bonus. Je dois être un épicurien. » je la regardais s‘éloigner pour préparer du café, moi j’hésitais toujours. Mes yeux s’accrochaient à sa silhouette fine, à cette attitude embarrassée qu’elle affichait sans doute sans vraiment s’en rendre compte et la voir tirer sur son short m’arrachait un sourire. La brunette ignorait sans doute à quel point elle pouvait compter et combien je la trouvais précieuse, c’était d’ailleurs probablement pour ça que ma réaction avait paru si démesurée. Je décidais de saisir cette option de réconciliation que nous offrait Marlee avec finalement beaucoup plus de maturité que moi.
M’avançant à mon tour vers le comptoir je me postais à côté d’elle et prenait une tasse à mon tour « J’imagine qu’il va être dégueulasse mais tant pis. » un petit sourire malicieux tendait le coin de mes lèvres et mon regard rieur se perdait dans celui de ma meilleure amie « Je ne mérite pas mieux pour aujourd’hui. » lâchais-je avec un petit haussement d’épaules. Je remplissais le mug de café, j’allais devoir attendre qu’il refroidisse un peu avant de boire. « Tu sais t’avais raison… je… j’agis comme un putain de macho. » mon regard s’égarait sur le liquide noir dans ma tasse « Si… si tu aimes séduire, et coucher avec ces types. Je suis personne pour te dire que c’est mal, dégueulasse ou je ne sais quoi d’autre. » je fis une moue contrariée « Même si je peux pas faire comme si ça me plaisait ou que j’en ai rien à foutre. C’est ton corps, c’est ton choix, c’est ta vie. » je n’osais pas la regarder « Est-ce que… est-ce que tu fais ça parce que t’aime ça ? » c’était délicat comme question mais j’avais besoin de savoir et ce n’était pas vraiment un sujet tabou. « Mais pour Drew si j’ai péter un câble c’est que je sais comment il traite les filles. J’veux dire… c’est mon pote, on se parle et avec ce qu’il a dit parfois… » je fronçais les sourcils « Ça me rend dingue qu’il ai p’tet pu se comporter pareil avec toi. » je passais ma main sur ma nuque « Mais bon ça regarde que vous. J’dois l’accepter. » mais bordel c’était dur !

M’asseoir près de Marlee après ces mots violents que nous avions échangés, c’était un peu comme marcher dans un champ de ruine. Au beau milieu d’une bataille qui venait de se terminé, me sentant incapable de réparer ce que j’avais probablement détruit avec mon excès. Ma meilleure amie avait amorcé la trêve mais pourrait-elle pardonner la dureté de mes propos ? J’essayais d’alléger l’ambiance avec une petite moquerie à propos du café qu’elle préparait. A vrai dire je me fichais pas mal que la boisson soit bonne ou pas, c’était le dernier de mes soucis et partager ce moment avec elle n’était qu’un prétexte pour tenter de remettre un peu d’ordre entre nous. Au fond j’estimais ne pas mérité l’attitude qu’adoptait Marlee à mon égard. Elle aurait dû me jeter dehors, s’éloigner de moi pour avoir été une telle pourriture. La colère et la déceptions avaient parlé à ma place, mes mots avaient dépassé mes pensées mais je ne voulais pas me trouver d’excuses cette limite je n’aurais jamais dû la franchir. Mais si ma meilleure amie m’offrait cette chance d’arranger un peu les choses, alors je ne devais pas me défiler. Il fallait que je ne sois pas lâche pour cette fois, que j’œuvre moi aussi pour rétablir des bases saines à notre relation et faire mon mea culpa. Parce qu’en réalité je crevais de peur de la perdre, et en me rendant compte de mon comportement l’angoisse m’avait saisi, mon estomac s’était noué condamnant jusqu’à ma gorge.
Le sujet restait délicat, mais nous devions parler de l’objet de notre discorde. Les non-dits ne feraient qu’empirer les choses, le moment était venu de libéré ma parole et d’essayer de comprendre Marlee plutôt que de la juger. Tout comme la brunette ne comprenait pas pourquoi je collectionnais les coups d’un soir, j’avais dû mal à me faire à l’idée qu’elle risquait de se forger une réputation de fille facile en optant pour un mode de vie similaire au mien. Je reconnaissais avoir eu une réaction un peu machiste quant à cela, mais c’est surtout la société qui est ainsi faite. Avec une certaine retenue et un peu de gêne je questionnais ma meilleure amie sur ce sujet délicat et intime. Aimait-elle vraiment à ce point la séduction et le sexe ? L’explication ne se trouvait pas tant dans l’addiction mais dans le passé de la jeune femme. Je connaissais l’histoire de Marlee et en savais assez sur sa mère qui avait eu tout sauf une attitude de mère justement. Elle l’évoquait comme un exemple, le mauvais à n’en pas douter et elle le reconnaissait elle même. Coucher avec ces mecs lui donnait l’impression d’exister, d’avoir toute l’attention dont elle semblait manquer. J’eus mal pour elle. J’étais triste qu’elle puisse se sentir ainsi, alors même que j’essayais toujours d’être des plus attentifs à son égard. Ce n’était pas assez, peut-être que ça ne le serait jamais mais au moins maintenant je savais.
Ce que cherchait Marlee, je venais de le comprendre mais pour Drew j’allais avoir beaucoup de mal à digérer le truc… j’espérais juste qu’il n’ai pas été un parfait connard comme il sait l’être. Je trouvais souvent son comportement assez limite, mais là avec ma meilleure amie autant dire qu’il aurait signé son arrêt de mort. Elle voulu me rassurer en m’affirmant que cet imbécile s’était bien comporté je fis une légère grimace « J’veux plus vraiment entendre quoi que ce soit là dessus. Tant mieux qu’il… mais… bref parlons plus de ça. ». Elle me promettait de ne plus recommencer ce genre d’écart et je haussais les épaules « Tu me dois pas de promesse. J’ai pas de contrôle à avoir sur ta vie. » répondis-je avec un léger sourire en réponse au sien. A vrai dire j’étais un peu perturbé par ses aveux, sa jalousie, son besoin de se sentir comme étant le centre de l’attention je n’imaginais pas que ce fut à ce point vital pour elle. « Tu sais ce que tu m’as dit tout à l’heure… comme quoi je mérite mieux que ça. Je pense exactement la même chose de toi Marlee. Je crois que c’est la raison pour laquelle j’aime pas te voir avec ses mecs, qui s’en foutent et ne méritent même pas que tu poses les yeux sur eux. » Je buvais enfin une gorgée de café et grimaçais légèrement, j’avais vu juste il n’était pas génial.
Je me levais prenant la direction du canapé et m’y affalais ma tasse à la main « Je suis crevé… » avouais-je en basculant la tête en arrière et fermant les yeux « Ça t’embête si je dors un peu là ? » habituellement je savais que non, mais aujourd’hui était un peu particulier comme jour par ma faute. Je rouvrais un œil « Ou alors tu mets un de ces films à la con que tu adore et on le regarde ? Je te garantie pas d’arriver à tenir de le voir en entier mais bon, ça coûte rien. » garder nos habitudes me semblait être le meilleur moyen de faire de cette dispute un vilain souvenir, un truc à laisser derrière nous pour avancer.