- do your job and keep your mouth shut -

Le temps court, s'échappe, tente par tous les moyens d'être plus rapide que lui. L'air lui manque, ses membres frappent à gauche et à droite les obstacles sur son chemin, mais Roos n'abandonne pas. Il n'abandonne jamais. Alors qu'il parcoure les derniers mètres en tirant le mannequin derrière lui, on remarque sa détermination, le feu qui brûle dans ses entrailles. Roos termine l'Académie de pompiers sous les applaudissements de ses frères, les futurs candidats à rejoindre le rang des chasseurs de feu. Le blond n'arrive pas à perdre son sourire, ayant pour la première fois de sa vie l'impression d'accomplir quelque chose de bien. Enfin. You're good, Monroe. But don't forget, you ain't God, qu'un Chef le félicite, un rire dans la voix. Enchanté, Roos lui serre la main, lui rend son sourire avec un clin d'oeil malicieux. You'll be sure to remind me on shift, right? qu'il réplique, espérant d'un même souffle en apprendre plus sur sa future caserne, dans l'espoir de terminer sous le commandement de l'homme devant lui, Chef Ramsay. I better not have to, que le sage pompier rigole avant de disparaître entre les nouveaux diplômés. Avant de se joindre à nouveau au groupe, Roos se laisse envelopper par la fierté. Son passé, qu'il préfère garder secret, n'a jamais pu lui montrer de l'espoir, l'a longtemps convaincu qu'il ne serait qu'un monstre. Ramsey, à son entrée à l'Académie, a vu quelque chose en lui, et avec le temps, Roos s'est ouvert. Chaque fois qu'il était au bord du précipice, près de sombrer encore dans la facilité du noir, le Chef était là pour lui gueuler par la tête. C'est un peu grâce à lui s'il est là aujourd'hui, s'il peut maintenant sauver des vies. Sauver, au lieu de gâcher. Good job, fucker.


Ses jointures frappent si fort le visage adverse qu'il les sent craquer, cruelle blessure méritée. Please, stop, st- Roos ne lui laisse pas la chance de terminer, il lui fout un nouveau coup en pleine gueule. Oh, now you're begging? You should of thought of that before you did your shitty ganster act, que le blond rétorque, aussi glacial que sa violence. C'est son tour de jouer au comédien, de jouer au dur et prétendre à la normalité. Y'a rien de normal à défoncer la tronche d'un mec, même s'il doit un paquet de frics au paternel. Le pauvre type n'a même plus la force de bouger, alors Roos se tourne vers son frère aîné. That's enough, qu'il insiste, les sourcils froncés. L'autre hausse les épaules, montrant au plus jeune que c'est lui qui est en charge, ce soir. Tell him he better have the money by friday. Unless he wants to go sing with Elvis, explique-t-il à la copine terrorisée un peu plus loin. Elle acquiesce silencieusement, ses yeux exorbités fixés sur le corps ensanglanté de son petit ami. Sans un mot supplémentaire, les Monroe s'évanouissent dans la nuit.


Trois coups à la porte pour ramener une boîte de vieilleries, une rencontre planifiée, supposée platonique pour les divorcés. Il propose une bière, puis deux, avant qu'ils rigolent en ressassant de vieux souvenirs. I should go, it's getting late, qu'elle glisse soudainement, bien que ses yeux parlent d'un autre désir. Roos l'accompagne tout de même à la sortie, lui-même troublé par la si belle soirée. Ils ne peuvent que constater la triste ironie, il aura fallut un divorce pour qu'ils retrouvent leur bonheur depuis trop longtemps oublié. I really had a great time with you tonight, que le blond confesse. Inconsciemment ils se rapprochent l'un de l'autre, pareils à deux aimants. I hate to admit it, but I miss moments like this one, que la belle murmure, son souffle mourant sur le visage de Roos. Ils sont si proches qu'ils se respirent, qu'ils se noient dans les yeux adverses. Jusqu'à ce que la tentation soit trop forte et que leurs lèvres s'écrasent brutalement ensembles. Roos la plaque contre le mur, la soulève du sol et elle répond en enlaçant ses jambes autour de sa taille. C'est passionné, charnel, deux âmes sœurs brisées qui se reconnectent. Personne n'a besoin d'un dessin pour deviner le reste de la nuit, des heures gelées dans l'espace temps. Ils ont passés presque une décennie, tous les deux, à s'aimer et se déchirer. On aurait dit un couple descendu du ciel, un modèle, un idéal, mais les guerres ont fait trop de dommages. Jusqu'à ce qu'ils se regardent avec des couteaux dans les yeux, qui croyaient-ils berner? Le divorce qu'ils ont finalement acceptés, divorce qui aurait dû leur permettre d'avancer, finalement libre de vivre la vie rêvée. À la place, ils oublient les différents du passé, ils recollent l'amour impossible, voué à mourir.


De ses yeux coulent des larmes, de ses plaies coulent du sang. La douleur le force à réaliser qu'il ne dort pas, que son père vient vraiment d'envoyer des types lui donner une leçon. Lui, son propre fils. Alors qu'il enlève difficilement ses vêtements, son frère aîné le rejoint, les yeux enflammés, le corps tendu. What the fuck happened? qu'il crache, la haine suintant de chacun de ses pores. C'est l'orgueil mal placé qui amène Roos à lui lancer un regard dégoûté, essayant tant bien que mal d'ignorer son mal. Nothing I can't handle, Josh, just let it go, qu'il réplique plus durement qu'il ne le voudrait. L'autre croise ses bras sur sa poitrine, aucunement secoué par l'attitude de son frère. Dad did this, right? After you told him you were done? que Josh insiste quand même. Roos ne répond rien, ramasse une serviette et commence à éponger le sang sur son visage. I'll take care of it, don't you worry bro, qu'il continue, commençant même à quitter la pièce. Le blond frappe le comptoir puis se tourne vers son aîné. You won't do shit, I can deal with him, s'emporte-t-il, et Josh ne peut empêcher un sourire d'étirer ses lèvres, fier. You shouldn't have to. None of us should, répond-t-il d'un ton doux, calmant Roos légèrement à la mention de leurs frères et sœurs. Il acquiesce, encore une fois silencieux. Josh lui donne une bonne claque dans le dos avant de quitter définitivement la maison. Définitivement, parce que jamais Josh n'est revenu. Jamais il n'a revu Roos, ou un autre membre des Monroe. La mort de Josh fut l'erreur de trop, la preuve irréfutable que ça avait trop duré. La mort de Josh fut le début de l'emprisonnement à vie du paternel, après les confessions de Roos au poste de police. La mort de Josh, bien que tragique, fut la libération de la progéniture Monroe, et un nouveau départ à San Francisco.


Un soupir de soulagement quitte ses lèvres quand il stationne son camion devant chez lui. Après une longue journée à combattre des incendies, tout ce que Roos souhaite, c'est s'écraser devant la télévision avec une bonne bière entre les mains. Monroe? qu'on prononce d'un ton incertain derrière lui. Le principal concerné fige, reconnaissant la voix malgré la dizaine d'années passée depuis leur dernière rencontre. Lentement, il se retourne, sa fatigue envolée. Vane, qu'il rétorque, les syllabes comme un réconfort sur sa langue. Why are you here? Il enchaîne sans perdre une seconde, incapable de décider s'il est content ou non de voir son ancien meilleur ami. Une minute de silence passe avant que Vane ouvre la bouche à nouveau. Cette minute, toutefois, fut assez pour l'esprit de Roos, qui n'eut aucune difficulté à lui rappeler mille et un souvenirs. I moved here a while ago. Saw you in the papers, thought I'd come by, explique Vane en se passant une main dans les cheveux. Visiblement, il n'est pas très à l'aise, mais Roos comprend. La dernière fois qu'ils se sont vu, all hell broke loose. Vane, en plus d'être son meilleur ami, travaillait également pour son père. Un peu à cause de Roos, mais l'autre n'a jamais craché sur le fric que ça lui permettait de gagner, n'étant pas né dans une famille avantagée. Come inside. Peu importe leur adieu bâclé, les vieilles rancœurs. Peu importe le baiser volé, cette fameuse soirée où Roos s'est fait éclater la gueule. Juste avant, les deux copains se sont engueulés, le blond essayant de convaincre Vane de tout plaquer, aussi. Si Vane a refusé, il ne s'est pas empêcher d'embrasser Roos avant de prendre ses jambes à son cou. Ils marchent côte à côte, silencieux, essayant de digérer le mélange de joie et de peur qui habite présentement leurs entrailles. Le pompier se demande s'il se passe la même chose dans la tête de son interlocuteur, si les images de cette dernière nuit flashe également derrière ses yeux. Il peut presque sentir les mains de Vane empoignant son visage, son odeur boisée, ses lèvres pleines. Il se force à reprendre le contrôle de son esprit, voulant chasser la chaleur se répandant dans son bas-ventre. Le passé n'est jamais bien loin, et malgré les années, Monroe ignore s'il est prêt à ouvrir cette plaie béante. Après tout, ça serait comme jeter de l'huile sur le feu.

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<pris>scott eastwood</pris> — <pseudo>[url=http://goldengate.forumactif.org/u39]roos monroe[/url]</pseudo>