Un hôtel de luxe à Manuel Antonio, Costa Rica.
17 Décembre 2015.Accoudé au comptoir, Avery fit signe au barman de lui resservir un verre de rhum ambré. Ce dernier s’exécuta sans commentaire. Après tout il était payé pour répondre aux demandes de ces clients fortunés, bien que certains pèsent plus lourd à cause de l’alcool qu’ils ingurgitaient sans compter. Monsieur Strauss n’était pas dans l’originalité. Il devait être quatre ou cinq heures du matin. Avery était rentré plus tôt de l’enterrement de vie jeune homme de Jon. Lui et les autres étaient restés au casino après avoir écumé les bars à striptease de la ville. Attrapant son verre, il souhaita bonne nuit au barman en décidant de sortir par la baie vitrée qui menait sur la plage privée de l’hôtel. Il était facile de comprendre que tout n’allait pas bien dans son comportement. Mais plutôt que d’affronter les problèmes, de jouer le bon rôle du témoin dans son rôle de maître de soirée aux côtés de son plus vieil ami, Avery préférait fuir. Fuir ce chaos qui entrait dans sa vie depuis déjà un mois. Qu’est-ce qu’il avait pris à Jon de se marier et de lui imposer cette… Cette… Il n’arrivait même pas à se l’avouer. Jada était apparu dans sa vie comme une bombe, s’immisçant entre deux frères au sommet de leur gloire. Il la voyait comme une menace pour sa société, pour sa relation fraternelle avec Jon. Mais ça c’était avant de la rencontrer. Et dès qu’elle est apparue à son regard, le jour des présentations officielles, elle est devenue un danger pour son âme. Les yeux du fauve se baladait sur l’étendu bleu de l’océan, scintillant sous les étoiles et la lune. La houle était agréablement sous cette chaleur harassante. Il n’entendit pas la personne approcher derrière lui. Le sable ne parle pas, il défie l’authentique. «
C’est une belle nuit… » La voix est timide mais douce, sincère, pure. Plus qu’il n’aurait voulu l’admettre, le ton transperça son air, ses poumons. Avery sentit sa respiration se couper et son cœur marteler contre sa poitrine. Puis le silence. Le bruit des vagues revenait petit à petit. Mais Jada était décidé à rester, elle apparut enfin dans son champ de vision. Avery ne voulait pas parler, alors il ne dit rien. Il l’observa à la dérobée. Il devina facilement les formes galbées de la jeune femme à travers le tissu de sa petite robe blanche. Jada s’avança vers l’eau, les pieds nus pour les tremper. Un geste simple qui sembla fasciner le plus bougon des ours. Il remarqua qu’une de ses bretelles venait de glisser sa peau halée, laissant entrevoir la naissance délicate de ses seins. «
T’as dépensé tout l’argent de Jon que t’es déjà rentré de ta dernière soirée de célibataire ? » La réplique est froide, sévère, impétueuse. Tant mieux. Il ne veut pas de cette intruse. La belle se retourna vers lui, piquée au vif. «
C’est quoi ton problème avec moi, Avery ? » lança-t-elle, furieuse. Depuis le début, il lui a clairement fait sentir son aversion pour elle. «
C’est con, hein ? Les minauderies avec moi, ça marche pas. » Plus petite que lui pourtant, elle vint s’imposer devant lui, les mains sur les hanches, les yeux dorés plus courroucés que jamais. Diable qu’elle était belle ! «
Tu m’en veux parce que je te pique ton pote ? Ecoute moi bien je ne suis pas une de ces gamines qui se pavanent devant toi. J’ai autant d’argent que j’en veux et je n’ai pas besoin de Jon si c’est ça qui te fait peur ! » lança-t-elle plus incisive que jamais. Un rire faux et rauque prit Avery. Devant cet état moqueur, Jada se renfrogna mais ne se délaissa pas de sa superbe face à ce colosse imposant. «
Je ne sais pas quelle genre de gamines pré-pubères tu fréquentais jusqu’à maintenant, mais j’ai rien à te devoir ! » Malgré le ton implacable, on laissait entrevoir encore la tendresse et autre chose encore dans son regard… Se décontenançait-elle, aussi ? «
J’marche pas. T’es qu’une profiteuse qui a assez dépensé les sous de papa pour enfin pigeonner un mari éventuel. » CLAC. La gifle fut venue. Sèche et efficace. La brûlure de la peau délicate le marqua plus que le geste. Avery sourit et continua : «
Ca t’emmerde que je vois clair dans ton jeu ? » Une autre claque allait souligner sa réplique mais les doigts du fauve se refermèrent sur le fin poignet de la jeune femme qui déglutit. Leurs regards s’affrontèrent. Avery sentit la veine de Jada tambourinait contre la pulpe de son pouce. On n’entendait plus le son des vagues. Ni la mouette qui s’abattait sur le sable pour récupérer les dernières miettes de pain laissés à l’abandon sur le sable. Juste une symphonie grandiose des respirations haletantes. Leurs corps se frôlaient dangereusement. La tentation. «
Avery… » Mais le chuchotement mourut dans ce dernier rempart d’air qu’il venait de franchir pour récupérer les lèvres roses qui s’offraient maintenant à lui. La fin de cette douleur lancinante ou le début d’une autre car l’empressement, la soif avait pris pouvoir. Sur l’un comme sur l’autre.
Elle est ton incontrôlable, vieux.
Retour au présent...DRING…DRING….DRIIIIIIIIIIIIIING…La patte de lion s’abattit sur le petit boitier téléphonique situé sur la table de nuit. Mais le vacarme se fit tout de même plus intense, le vibrato réveilla le fauve enroulé sous les draps. Ses épaules puissantes se hissèrent dans un grognement, pendant que le corps nu se mouvait sous les rayons de la lune transperçant la baie vitrée de l’immense chambre. Avery attrapa son pantalon jeté parterre il y a quelques heures à peine. Ce n’est qu’en passant une main lâche dans ses cheveux pour les rabattre en arrière qu’il remarqua la blondinette endormie trop profondément de l’autre côté de son lit. Ah oui, c’est vrai, il n’était pas rentré seul. Et pas vraiment sobre non plus. La sonnerie de la porte d’entrée raisonna à nouveau pour le rappeler à l’ordre. C’est en maugréant qu’il rejoignait le vestibule, prêt à rager sur le petit con qui venait l’emmerder à une heure pareille. «
Putain Jon, si c’est toi, je… » répondit Avery, la voix douloureusement endormie mais ô combien insatisfaite d’être tirée de cette dernière image fantasque aux mèches brunes et aux lèvres fruitées. D’un coup, il se stoppa, complètement ahuri devant l’apparition de celle qui tenait justement le premier rôle dans son rêve. Jada.
«
Ta sœur est à l’hôpital, Avery. » C’était elle, sa voix était pleine de douleurs, l’horreur de l’urgence. Le compte à rebours avait commencé. Les prunelles sombres du fauve s’immobilisèrent, la mâchoire se contracta, on le devinait bien qu’aucun son ne traverserait les lèvres fines. Pas de sarcasmes. Pas de peurs. Dénué d’humanité. Dénué de colère. Et de réactions. Juste, rien. «
Avery ? Il faut que tu viennes avec moi. » Le cauchemar qui devient réalité dans toute sa divine splendeur. Et pourtant, Avery ne voulait pas la laisser finir. Pas elle. Pas sa voix. Que cette inconnue devienne la Faucheuse de sa vie était une chose. Mais L’Annonciatrice de la mort imminente de sa soeur non. Pourtant cette voix avait quelque chose de si doux, de si tentant, de si chaud. «
Jon y est déjà ...comme personne n’arrivait à te joindre, je suis venue en personne. » Il ne sait s’il ressentait une peur ou une fébrilité dans la voix de Jada, tout ce qu’il savait c’est qu’elle n’avait pas le droit d’être là. «
J’y vais seul, c’est pas ta place d’aller là-bas. » Le visage de la belle brune s’empourpra dans l’obscurité du couloir. Une colère imminente faisait place à la douceur et la compassion qu’elle venait de manifester. «
Mais va te faire, Avery ! Habille-toi, laisse un petit mot à la poufiasse qui est dans ton lit et suis-moi ! » Il aurait du savoir que ce petit bout de femme ne se laissait jamais démonter devant lui. Depuis le début de leur rencontre d’ailleurs qui fut assez houleuse soit dit en passant. Grognant de plus belle, il capitula. Il ne devait pas entrer dans son jeu maintenant, le plus important restait Bailey. Sa sœur avait besoin de lui.