J’étais en journée de break aujourd’hui.Bien sûr, on peut toujours m’appeler à n’importe quel moment de la journée. Mais tout commissaire a le droit à un minimum de repos. Et de toute manière j’avais une totale confiance en mon équipe pour qu’elle mène le bateau sans soucis d’ici mon retour, qui se ferait de toute manière le lendemain. Et c’était assez calme au commissariat pour le moment. C’était très appréciable, les dernières semaines avaient été loin d’être reposantes. Parfois je me disais que l’on faisait ce métier parce qu’on l’aime, et ce n’était pas possible autrement. Mais, cette accalmie n’était que provisoire, on arrête, malheureusement, pas la cruauté du monde d’exister.

Heureusement aujourd’hui je pouvais enfin amener Rooky, mon berger allemand se faire soigner d’une vilaine entorse qu’il s’était probablement fait lors d’une sortie quotidienne dans le jardin pendant mon absence. J’étais rentré hier soir et il boitait de la patte arrière. C’était probablement le plus casse-cou de mes chiens, mais aussi le plus adorable. Il allait sur ses sept ans, et c’était le premier que j’avais adopté, et le seul, puisque les deux autres ont été secouru lors d’interventions. J’étais amoureux des animaux, surtout quand je sentais la souffrance, je sais que je ne résisterais pas à en reprendre encore même si ma maison n’était pas indéfiniment grande. D’ailleurs ça commençait même à ressembler à un refuge pour chiens malheureux chez moi, et pour chats aussi. D’ailleurs tout animaux, était bienvenue chez moi.

J’avais donc pris la direction du cabinet de vétérinaire d’Erwan. Il n’y a que lui qui peut toucher mes animaux, même s’ils n’étaient pas sauvages pour un sou, je refusais simplement que quelqu’un d’autre ne les soigne. Et puis, comme ça ça me faisais une raison pour voir Erwan, car je n’avais pas eu de nouvelles depuis un bon bout de temps, même mes textos étaient resté sans réponse, ce qui m’inquiétait que plus. Plus je le voyais, dernièrement, et plus je remarquais qu’il prenait ses distances pour d’obscures raisons. Et je n’aimais pas savoir, vraiment pas.

J’espère que tu n’as pas pris un stagiaire et que je tomberais sur lui. Je suis presque en train de bénir mon chien qui s’est blessé. Parce qu’au moins il me donnait une bonne raison d’aller au cabinet d’Erwan. Parce que ça aurait étrange si j’aurais débarqué sans raison, et ça aurait éveillé tes soupçons, et je ne doute pas un seul instant que tu te serais renfermé comme une huître, je commence à bien te connaître, un rien te renferme et je n’obtiens plus rien de toi. Je sais que tu caches quelque chose et que tu refuses de m’en parler, mais je sais qu’à un moment ou à un autre je saurais de quoi il en retourne. Je ne suis pas flic pour rien.

Je vérifie, avant de partir que tout mes autres compagnons ont tout ce qu’il faut. Ils commençaient sérieusement à prendre le pli à mes absences répétées. J’avais peut-être eu tort d’en adopter autant après tout, mais ce n’était pas de ma faute si j’étais un coeur d’artichaut face à ses boules de poils. Et puis ils ne semblaient pas malheureux. De toute manière je ne pouvais pas vraiment prévoir mes absences au travail, et là c’était une urgence, puisqu’il était hors de question que mon chien continue à se balader ainsi.Rocky était d’ailleurs probablement le seul chien à adorer aller au vétérinaire, même si les autres chenapans changeaient totalement d’attitude quand ils apercevaient Erwan. Ils t’adoraient, littéralement. Je ne sais pas vraiment dans quel état je te retrouverais, puisque ça fait des semaines que je n’ai plus aucune nouvelle depuis plusieurs semaines, et je retenais le lion qui était en moi pour ne pas débarquer à l’improviste.

Mais on finit par arriver au cabinet vétérinaire, je me gare assez facilement avant de trainer Rocky au cabinet aussi vite qu’il le peut. Il n’y avait personne dans la salle d’attente, peut-être qu’il pourrait s’occuper de suite de mon chien, qui me lance d’ailleurs un regard de lassitude. Mais j’entends des pas résonner, et je reconnais comme les tiens. Je souris quand j’aperçois ta silhouette. Je me sens d’ailleurs rassuré de te voir là, même si ton aura semble encore plus sombre. Décidément tu étais un sacré mystère à percer. Mais un jour je te tirerais les vers du nez, je m’en étais fais la promesse. Et je commençais à sentir que ça devenait urgent que je te vienne en aide. J’essaierais aujourd’hui, peut-être que tu serais plus consentant à parler, en tout cas j’osais le croire.

« Salut, toi. Arrête, tu vas finir par te faire mordre, et tu ne pourras que te blâmer, et ne compte pas sur moi pour te prendre en pitié. Moi je vais bien, pas mal de boulot, du coup à peine le temps de venir faire soigner Rocky… »

Je souris en voyant Rocky grogner, quel susceptible celui-là. JE profite d’ailleurs que tu t’occupes de mon chien pour t’observer un peu plus précisément. Tu semblais, en apparence allait bien, mais je sentais que ce n’était qu’en apparence, je sentais que c’est loin d’être le cas. « Tu es certain que tu vas bien, Erwan ? » Je fronce quelque peu les sourcils, inquiet.

Le poisson était de plus en plus difficile à noyer de ton côté, j’en suis persuadé, en tout cas ça devient de plus en plus visible pour moi. Et, j’allais finir par te mettre devant le fait accompli, dès que j’en aurais l’occasion. De toute manière je n’allais pas rester sans rien faire. Je commençais même à songer qu’il allait falloir que je mandate quelqu’un de mon équipe pour se renseigner sur ce qui se passe. La discrétion, ils connaissent je ne me fais pas de soucis. Mais je n’aimais pas ne pas savoir, surtout si, à chaque fois que je veux te parler, tu t’esquives. Sache que, quand on ne me répond pas, ça me fait encore plus me méfier. Tout comme je sais pertinemment quand on me ment. Alors d’une manière ou d’une autre, je saurais la vérité. Mais j’aimerais mieux qu’il ne soit pas trop tard. Je ne me pardonnerais pas s’il te serais arrivé quelque chose. Parce que je suis comme ça, que ce soit avec ma famille ou mes amis, je suis plutôt du genre à être très, ou trop, protecteur. Tu étais une véritable énigme pour moi, surtout que tu ne laissais pas beaucoup d’indice. Mais rien ne restait caché trop longtemps avec moi, tu l’apprendrais bien assez tôt, si tu ne le sais déjà pas.

Je lâche un rire avant de croiser mes bras contre mon torse, pas une seule seconde attendri par ton regard, enfin, j’essaie d’y croire. « Tu insultes mon chien, tu ne veux quand même pas que je te saute dans les bras ? »

Je te vois grimacer, je fronce les sourcils, sérieux ? Et après tu vas me dire que tu n’as rien et que tout va bien, mais bien sûr ! Je soupire silencieusement avant de te regarder faire avec mon chien, tu avais de la chance, il n’est pas trop rancunier, du moins avec toi, puisqu’il est plutôt, aussi, protecteur et limite agressif avec ceux qu’il ne connaît pas. Mais il n’était pas foncièrement méchant, surtout avec les enfants, avec lesquels il peut avoir un instinct protecteur naturellement. Et, de toute manière, mes chiens n’était pas du genre à être asocial. Je rigole alors que mon chien, étonnamment décide de n’en faire qu’à sa tête. « Ca, ça t’apprendra… » Mais il finit par monter sur la table et se laisse ausculter avec une facilité déconcertante. Je me place à sa tête que je flatte tout en t’écoutant.

« Erwan, tu sais bien que je n’aime pas quand on me ment…. » Je hausse un sourcil, ma voix la plus posée ne montre ainsi pas mon trouble. Pourtant chacun de tes propos sentait le mensonge à plein nez. Je continue donc de t’observer, encore plus attentivement cette fois-ci. Tu ne m’aurais pas aussi facilement. J’écoute ton diagnostic sur la blessure de mon chien. Je soupire. Rester tranquille, plus facile à dire qu’à faire. Parce qu’il a besoin de se dépenser, et il a bien du mal à tenir en place.

« Je vais tenter de le laisser tranquille, mais ce n’est pas le plus calme de la fratrie, comme tu le sais. Je ne pense pas qu’il y touche vraiment, mais je ferais attention, promis patron. » Je laisse un sourire amusé fleurir mes lèvres tandis que Rocky descend de la table d’auscultation, je sors une friandise de ma poche pour la le lui donner.

Je commençais à croire que tu me cachais de quelque chose de grave. Tu semblais de plus en plus instable même, et ça m’inquiète encore plus. Alors c’est bon, je n’aime pas tourner autour du pot et tu l’as assez fait avec moi. tu as assez usé de ma patience. Mais je n’avais pas envie de faire mon flic avec toi, loin de là, je sais que si je faisais cela, je pourrais perdre ton amitié, et c’était bien la dernière chose que je souhaite. Mais, je ne peux pas non plus rester impuissant quand je te vois éteint, comme si tu portais tout le poids du monde sur tes épaules. Je ne supportais pas de voir ta souffrance alors que je ne comprends pas d’où elle vient. Parce que tu as beau me mentir, je sens ta souffrance dès que j’arrive dans ton entourage. « Bien sûr, mes chiens n’en ferait qu’une bouchée, mise à part cela, c’est mignon oui » Je souris, je hais ces animaux qui ressemblent à tout sauf à des chiens.

Je m’amuse de voir que mon chien, adorable comme un agneau habituellement, te donner du fil à retordre, oui ça m’amusait beaucoup. J’en souris que davantage, même si, maintenant l’ambiance s’est quelque peu alourdie entre nous. J’espère que ce n’était que provisoire. De toute manière, je devais le savoir, il n’y a pas d’autre choix. Je te laisse t’occuper de mon chien, je préfère que tu y sois attentif, et de toute manière on a tout le temps. En tout cas moi j’ai tout mon temps. J’essayais de te faire comprendre que tu peux avoir confiance en moi. Que, quoiqu’il arrive, je serais là pour t’aider, t’épauler ou tout ce que tu as besoin. Je sursaute quand tu plaques tes mains sur ton bureau. J’avais finalement raison, tu n’allais pas si bien que tu le dis, à chaque fois. Et, sérieusement tu commençais à faire peur, pour de vrai. Je croise les bras sur mon torse, attendant que tu déverses tout, parce que c’est ce qui va arriver. Je me tais, et je vais tenter d’avoir assez de self control, n’imaginant pas encore un seul instant ce que tu vas me sortir.

Je hausse un sourcil, je ne réplique pas, car je sens que ce n’est pas le moment. Tu accroches mon regard, je penche la tête sur le côté. Je sens que tu es enfin prêt à me parler de ce qui ne va pas. Je soupire, j’aurais presque parié que ce saurait des problèmes de couples. Mais mes poings se serrent quand j’entends ce qui se passe réellement, il ne m’en faut pas plus pour sentir une colère sourde monter en moi, et, en tant que flic je ne suis pas connu pour être tendre, bien au contraire. Mais pour le moment, je tente de me contrôler pour pouvoir t’écouter jusqu’au bout.

Mais il ne faut pas m’en demander plus quand tu dis enfin ce qui se passe vraiment. La violence gratuite est quelque chose que je déteste par-dessus tout. Et c’est encore pire parce que ça t’arrive à toi. Je tape du poing contre le mur.
« Bordel Erwan, pourquoi tu ne m’en a pas parlé avant, je suppose que ça a empiré chaque jour ? » Je soupire, tentant de me calmer. Mais il était hors de question que je reste là sans rien faire. Regardant Rocky « Désolé mon gars, je reviens rapidement. » Je laisse une caresse sur la tête de Rocky avant de regarder Erwan « Tu ne bouges pas d’ici toi. » Je ne perds pas une seconde avant de sortir en claquant la porte. J’appelle les collègues pour qu’ils fassent une recherche sur ton petit ami, tandis que moi je suis bien parti pour aller lui expliquer ma façon de penser.